Je ne suis pas urbaniste de formation, mais selon mes connaissances et mes opinions, voici les principes qui devraient être la base de toute planification urbaine.
La voiture doit être un moyen de transport comme un autre, et non le seul moyen de transport viable et utile pour une ville. Dans une ville bien faite, la marche, la bicyclette ainsi que le transport en commun doivent être sécuritaires, utiles et confortables. Mais en fait, l'on réalise que l'on peut pratiquement tout résumer à la marche... Les intérêts des cyclistes sont en général assez près de ceux des piétons, et la viabilité du transport en commun est tributaire de la viabilité de la marche. Pratiquement aucun transport en commun ne prend les usagers de la porte de leur domicile jusqu'à la porte du magasin, du bureau ou de l'usine. Conséquemment, les usagers du transport en commun sont des piétons avant et après le trajet en transport en commun.
Malheureusement, les intérêts des automobilistes et des piétons sont contradictoires. Rendre la ville favorable à l'un la rend défavorable à l'autre.
Pensez-y, qu'est-ce qu'il faut pour que la marche soit facile? Le plus important, ce sont des faibles distances à traverser. Un piéton prend 10 à 15 minutes à parcourir 1 kilomètre. Pour que la marche soit viable plus que simplement pour l'exercice, il faut avoir une multitude de services et de destinations à proximité de notre domicile. Si ceux-ci sont trop loin et que ça prend 30 minutes atteindre le restaurant ou le dépanneur le plus proche, nous ne marcherons pas. Une ville plaisante pour les piétons, c'est donc une ville dense, avec des usages mixtes (commerces, services et bureaux intégrés dans des quartiers résidentiels plutôt que séparés).
Au contraire, la voiture a besoin de beaucoup, beaucoup d'espace. Alors que des piétons peuvent marcher confortablement dans une rue de 6 mètres de large, une voiture aura de la misère à s'y aventurer s'il y a de la circulation en sens inverse. C'est ironique, mais les voitures ont beau avoir une vitesse élevée, la CAPACITÉ de leurs chemins en personne par minute est la plus faible de tous les moyens de transport. Une route peut transporter de 1 600 à 2 000 voitures par heure pour une largeur moyenne de 3,5 mètres... un trottoir peut transporter le double facilement dans une largeur de 1,8 mètre, une ligne de chemin de fer peut transporter facilement 20 000 personnes par heure, et même plus, la ligne Yamanote à Tokyo transporte plus de 100 000 personnes par heure par direction. Donc pour gérer un débit élevé de voitures, il faut des routes très larges, beaucoup plus larges que pour les autres moyens de transport, des routes qui sont données exclusivement aux voitures, les piétons doivent les traverser rapidement, car ils ne sont pas en sécurité sur celles-ci.
En plus, les voitures ont besoin de stationnement... de BEAUCOUP de stationnement. Il faut un stationnement devant le domicile, puis devant le bureau, et devant les commerces et services que l'on fréquente. Le résultat est que les stationnements prennent une place gigantesque dans les villes conçues principalement pour la voiture.
Regardez ce centre commercial de Laval (image tirée de Google Maps), plus de la moitié de la surface est occupée par des stationnements, un espace gratuit offert aux automobilistes et qui ne peut être utilisé par rien d'autre que des voitures.
Ces océans d'asphalte rendent la marche pénible car elles augmentent incroyablement les distances à parcourir, dans un lieu hostile aux piétons et complètement laid. Pour ce centre commercial, un piéton sur le trottoir devra traverser 110 mètres, une minute et demie à deux minutes de marche, en marchant à travers les voitures et en faisant attention pour ne pas être frappé, juste pour atteindre l'entrée du centre commercial.
Comme la voiture et la marche requiert des caractéristiques différentes des villes, il faut trancher. Et où trancher exactement? La logique indique qu'un compromis équitable est une ville où la marche est autant possible que la voiture. Comme la marche est plus sensible à l'organisation urbaine que la voiture, il faut concevoir des villes principalement pour la marche et non pour la voiture.
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